Des vacances assez longues pour vivre plus longtemps

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Selon une étude conduite durant 40 ans, le secret pour vivre plus longtemps consisterait à prendre des vacances en suffisance. Si la promesse est séduisante et sympathique, elle est aussi appuyée de faits scientifiques très sérieux.

Présentée au congrès de l’ESC (European Society Cardiology) à Munich en août dernier, cette étude fera bientôt l’objet d’une publication dans The Journal of Nutrition, Health & Aging.

Alors les vacances, indispensables à la santé?

Croire qu’un mode de vie sain puisse suffire, à lui seul, à compenser un rythme de travail soutenu est proprement illusoire. Sans vacances et de surcroît, assez longues, il est en effet impossible de se délester du stress et de ses effets négatifs.

Tout a débuté avec l’étude Helsinki Businessman entre 1974 et 1975 regroupant 1 222 cadres masculins d’âge mûr, nés entre 1919 et 1934. Les participants devaient tous présenter au moins un facteur de risque cardiovasculaire (tabagisme, hypertension artérielle, hypercholestérolémie, taux de triglycérides élevé, intolérance au glucose, surpoids). Répartis en 2 groupes: un groupe contrôle (610 hommes) et un groupe d’intervention (612 hommes), ils ont été suivis durant 5 ans. Le groupe d’intervention a reçu tous les 4 mois des conseils écrits et oraux invitant les cadres à faire de l’exercice physique, à manger de façon saine et équilibrée, à garder un poids sain et à arrêter de fumer. Si les conseils s’avéraient insuffisants, les participants se voyaient prescrire des médicaments pour réduire leurs facteurs de risque cardiovasculaire (antihypertenseurs ou médicaments hypolipidémiants).

Le groupe contrôle n’a bénéficié, quant à lui, d’aucun soin particulier et n’a pas été vu par les chercheurs.

Moins de décès avec plus de vacances

Au bout de 5 ans, les résultats ont montré une réduction des risques de développement de maladies cardiovasculaires de l’ordre de 46% dans le groupe d’intervention comparé au groupe contrôle. Mais après 15 ans (en 1989), les chercheurs ont relevé un nombre de décès plus important dans le groupe d’intervention comparé au groupe contrôle.

L’étude qui a été présentée au congrès de l’ESC s’étendait sur 40 ans (2014) et prenait en compte des données, non rapportées au préalable, en termes de travail, de sommeil et de vacances. Son analyse a montré que le taux de décès était constamment plus élevé dans le groupe d’intervention comparé au groupe contrôle jusqu’en 2004. Alors que les taux de mortalité étaient les mêmes dans les deux groupes entre 2004 et 2014.

En examinant les faits de plus près, les chercheurs ont pu associer des vacances plus courtes au nombre de morts plus important dans le groupe d’intervention. Dans ce dernier, les cadres qui ont pris 3 ou moins de 3 semaines de vacances par an ont eu 37% de chances en plus de mourir entre 1974 et 2004 que les cadres qui ont pris plus de 3 semaines de vacances.

Le temps de vacances n’a, par contre, eu aucun impact sur le risque de mort dans le groupe contrôle.

Que doit-on en conclure?

Que travailler beaucoup, dormir peu et prendre des périodes de vacances trop courtes ne semble pas judicieux pour faire de vieux os! Surtout si l’on présente des facteurs de risques cardiovasculaires.

Et si la gestion du stress ne faisait pas partie du programme de prise en charge dans les années 70, elle est fort heureusement bien intégrée aujourd’hui dans la pratique. On peut également se réjouir de bénéficier de médicaments actuels plus efficaces.
Néanmoins, il est clair qu’il ne sert à rien de se priver de vacances suffisamment longues, sous aucun prétexte que ce soit!

Si certains l’ont compris depuis longtemps… d’autres gagneraient à en prendre de la graine!
Et vous, combien de jours de vacances avez-vous pris cette année?

Référence:
European Society of Cardiology (ESC), 28 Aug 2018, consulté le 14/09/2018.